mardi 27 août 2013

Radio Londres (Épisode 1)




Alors ça y est, on y est. Londres est mon huître, traduction littérale de l’expression anglaise « the world is your oyster » (et qui signifie à peu près « le monde vous appartient »). Mais on n’est pas là pour parler traduction, ça, j’aurai le temps dans l’année à venir.

            Cinq jours que je suis ici ; je n’étais jamais restée aussi longtemps à Londres. En gros, disons que ça va. Évidemment, ce n’est pas une partie de plaisir : il faut que je me débrouille seule pour tout, même si mes parents sont partis en me laissant un frigo plein, de la monnaie locale et du linge propre. Mais mercredi par exemple, j’ai un rendez-vous pour ouvrir un compte en banque. On est bien d’accord, même en cherchant le vocabulaire qui, je suppose pourrait m’être utile, c’est déjà quelque chose de bien compliqué en France, alors ici, en étant étudiante, étrangère, sans revenus et avec une adresse temporaire, je n’ai clairement pas mis toutes les chances de mon côté. Pour les petites choses de la vie courante aussi la vie n’est pas forcément facile. Tout à l’heure, j’ai dû tuer un bourdon avec du produit pour le sol. Pour vous la faire courte, c’était le truc le plus agressif que j’avais (c’était ça ou du Febrèze) mais je n’y suis pas arrivée. Il a grimpé après le rideau, je l’ai aspiré avec l’aspirateur mais en vidant ledit aspirateur, eh ben pas de bourdon. Alors maintenant je vis dans l’angoisse de le retrouver mort (ou pire, vivant) dans mon lit, dans ma douche, dans mes yaourts (ou pire, dans mes crumpets).




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            Aujourd’hui lundi 26 août était un jour férié en Angleterre. Le dernier lundi d’août l’est toujours. Ça n’a rien de religieux ou de commémoratif, c’est juste cadeau, comme ça, gratuit. Et donc les Londoniens en profitent pour faire la fête. Le carnaval de Notting Hill a lieu chaque année pour Summer Bank Holiday et le dimanche qui le précède. Histoire d’enfoncer une porte ouverte, et puis une bien grosse, genre armoire normande, le festival se déroule dans le quartier de Notting Hill. C’est une célébration de la culture caribéenne, Afro-Américaine et Latine de façon générale, et à ce qu’il paraît, c’est le deuxième plus grand carnaval de son genre au monde, après celui de Rio de Janeiro.



            Maintenant, je vais vous parler de ma propre expérience. Ayant lu que le carnaval commençait aux alentours de 9h, je me suis rendue à Notting Hill vers 9h. Bon, j’étais déjà sceptique au départ et mon arrivée n’a fait que confirmer mes craintes. Encore une fois, je vous la fais courte. Voyant qu’il n’y avait personne nulle part, j’ai cru être arrivée au mauvais endroit et j’ai marché jusqu’à arriver à une portion « d’autoroute » où j’ai, telle une oasis surgissant du désert, vu apparaître Westfield, l’immense centre commercial du coin.  À ce moment-là, j’avais déjà fait 2km à pied. J’ai retrouvé rapidement le métro, parce que Westfield n’a aucun secret pour moi, et je suis retournée à un autre endroit de Notting Hill. Pour ma défense, plusieurs stations de métro (celles qui donnaient le plus facilement accès au festival) étaient fermées à cause du nombre trop important de visiteurs. Et j’ai fini par voir de la lumière (au sens figuré, c’est à dire, des gens) accoudés à des barrières. Je me suis dit qu’ils devaient eux aussi attendre le défilé, parce que s’ils étaient venus faire un tournoi de belote, c’était mal barré. Je suis donc restée deux heures en plein soleil, immobile, à tenir mon sac serré contre moi comme si j’y avais caché des armes pour tout faire péter. Le seul défilé que j’ai vu durant ces deux heures, ce fut celui des bobbies et des mecs de la sécurité. À part ça, le vrai défilé était très beau, je vous en laisse juger par vous-même. Je ne me suis pas éternisée, je n’ai donc pas goûté la nourriture et vu les différents aspects du folklore. Mais si je peux vous donner quelques anecdotes marrantes, voilà :
            - En France, on fait tout notre possible pour éviter les gens, ne pas les regarder, et encore moins leur adresser la parole. Alors là, forcément, tous les caribéens qui me disaient bonjour, ça fait tout drôle. Et attention, si on ne répond pas, ils nous suivent en nous demandant de sourire. C’est bien gentil, mais quand même un peu lourd.
             - Comme Notting Hill abrite une importante communauté caribéenne, beaucoup de locaux proposent des plats préparés par leur soin devant leur porte et les vendent aux festivaliers, au même titre et au même prix que les stands officiels.
             - D’autres, cherchant à profiter au maximum de l’affluence, proposent même de louer leurs toilettes pour 1£. Et il n’y a pas que les locaux qui font ça : les bouchers et autres magasins de produits exotiques proposaient aussi leurs toilettes, au fond après les pastèques.


            Pour repartir, j’ai demandé un plan du quartier à des policiers qui en distribuaient bien gentiment, mais comme j’ai un sens de l’orientation qui défie les lois de la gravité, pour trouver le métro j’ai suivi une famille russe, en essayant de rester discrète, parce que j’avais vu qu’ils tenaient des plans du métro à la main. Mon seul point fort, c’est qu’on peut me mettre dans n’importe quelle station de métro, je saurai rentrer chez moi. Et aujourd’hui, il valait mieux pour moi d’en être capable. Arrivée à Camden, j’étais bien heureuse d’être enfin de retour « à la maison ». J’ai vraiment eu l’impression de rentrer à ma place, et petit à petit, mais si je ne suis ici que depuis cinq jours, je me sens de plus en plus chez moi.

            J’habite une résidence privée, réservée aux étudiants. Dans le principe, c’est un peu comme le CROUS en France, mais en pas pareil, parce que ça n’a franchement rien à voir. Mon studio est ultra moderne, j’ai un écran plat avec le câble et l’entrée est surveillée 24h/24. D’ailleurs, je me demande si le mec va se coucher des fois parce que ce week-end je l’ai vu jeudi, vendredi et samedi soir de 17h à 9h le lendemain matin. La question se pose comme une évidence : a-t-il une vie ? Un vrai endroit où dormir ?
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            Les anglais n’habitent qu’à 45km des français et pourtant…! Je m’étais toujours dit que ceux qui partaient vivre aux Etats-Unis devaient vraiment voir la différence avec la France, découvrir un mode de vie loin du nôtre, de même pour ceux qui partent vivre disons, en Islande ou en Nouvelle Calédonie (au hasard). Mais en fait, pas besoin d’aller aussi loin. Par exemple et en vrac :
-       Les anglais n’ont pas d’oreillers carrés. Ici, ils ne sont que rectangulaires, un point c’est tout. Et ils n’ont pas non plus de traversins. Que ce soit dans un magasin pas cher jusqu’à celui un peu plus luxueux, c’est niet, walou, nada, que dalle, pas de traversin ni d’oreillers carrés. Mais les coussins si.
-       Les anglais n’ont pas non plus de cornichons. Enfin si, ils sont énormes et doivent être coupés en tranche pour ensuite garnir des sandwichs. Les cornichons, hein, pas les anglais.
-       Par contre, ils ont des œufs durs qui baignent dans du vinaigre dans des bocaux en verre, comme des cornichons en fait. Et contrairement à ce qu’on croit, ils ont du pain, du vrai, du comme nous. Et des rayons entiers de pain de mie.
-       En Angleterre il faut allumer la prise avant d’allumer l’objet branché à la prise.
-       Sur le câble dans ma résidence, il y a une chaîne qui s’appelle Dave, et qui, comme son nom l’indique, ne diffuse que de la musique néerlandaise. Non, j’rigole.
-       Ils ont de la pub pour Citroën. Mais attention, il y a la French touch à la fin, avec la fille qui dit « Creative Technology », comme en France, avec le même accent pourri, parce que c’est la même fille, en fait.
-       Les magasins ouvrent à une certaine heure, mais les caisses n’ouvrent pas au même moment. Par exemple, si vous voyez sur la porte d’un magasin qu’il ouvre à 10h, eh bien en fait il ouvre à 9h30 ou 9h mais vous ne pouvez passer en caisse qu’à partir de 10h.
-       Dans mon studio, le seul accessoire électroménager fourni, c’est une bouilloire. Ils ont le sens des priorités ces Anglais. 


In a bit.


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