mercredi 6 novembre 2013

Un testament et des éoliennes.

Cela fait donc deux mois et des bananes que je suis là.  À Londres, quoi. Fini le tourisme, il était temps d'aller à l'école. 
Plus de Dickens, de Shakespeare, de rois, et autres cours de lexicologie. En revanche, j'ai eu l'honneur et le privilège de traduire un contrat de travail, un testament ou encore un mode d'emploi pour des brûleurs à gaz. La liste n'est pas exhaustive, je n'ai bien sûr gardé que le meilleur. Le mardi, j'ai aussi un cours sympa où on apprend à faire les interprètes pour la police et les hôpitaux, histoire de parler de maladies vénériennes à 9h du matin. Les vendredi après-midi j'ai deux heures de cours facultatives, auxquelles j'assiste toujours parce que je suis une étudiante consciencieuse. Enfin, sciencieuse je suis pas sûre, mais bon. C'est un cours de culture générale où pour l'instant on a parlé du droit criminel en Angleterre. La prof nous expliqué comment la loi anglaise définissait un viol ou un meurtre, ce qui peut toujours servir, ne serait-ce que pour comprendre Les Experts. J'ai d'ailleurs appris qu'en Angleterre, la non-assistance à personne en danger n'existait pas. Si tu vois quelqu'un se faire agresser, ignore la personne et passe ton chemin. En gros, keep calm and carry on. 
Sinon, dans l'ensemble, tout est très intéressant, les profs sont exigeants mais c'est pour la bonne cause comme on dit. J'ai trouvé que jusqu'ici on avait bossé assez dur et pourtant, on nous a prévenu, le pire est encore à venir. Qu'est-ce que j'ai hâte. 

Niveau sociabilité j'ai découvert pas mal de trucs sur l'Angleterre en parlant avec les anglais de ma promo, notamment le fait qu'ils ont l'air, pour la plupart, d'adorer le "butternut squash". Évidemment, je ne savais pas ce que c'était, même après explication de leur part. J'ai dû aller chercher sur Wikipédia où la chose en question porte le doux nom de "doubeurre". C'est une courge dont on se sert essentiellement pour la décoration en France (ou du moins, je n'ai jamais vu personne en manger mais après tout, je ne connais pas tout le monde...) mais dont ici on fait des soupes et des gâteaux. Et à ce qu'il paraît, c'est bon. Je suppose que c'est un peu le même délire que la soupe de potiron. J'aurais bien aimé goûter, par curiosité, mais j'aime pas la soupe, alors ça résout vite le problème. Ça doit vraiment être populaire, en effet, car même les Eat en proposent en plat chaud. 
Ils m'on aussi expliqué, dans un tout autre registre, qu'en Angleterre, l'État payait les études et le logement des étudiants dans une espèce de prêt qu'ils doivent ensuite rembourser quand ils travaillent.   Mais si tu n'as aucune intention de rembourser et que tu veux passer ta vie à la fac, c'est possible, car la dette est effacée au bout de 20 ans.

À part ça je me suis achetée un Poppy auprès des vendeurs de la British Legion qui traînent autour des sorties de métro. En France, pour le 11 Novembre, on a le bleuet, mais personne ne se balade avec un bleuet sur son manteau. Ici, c'est le coquelicot (poppy), en référence à un poème, "In Flanders Fields", qui raconte les horreurs de la Première Guerre Mondiale et ça se passe dans un champ de coquelicots. En Angleterre, une très grande majorité des gens que j'ai croisé se mettent à porter un poppy sur leur veste vers la fin octobre. Ce sont des petites fleurs en papier qui n'ont pas de prix fixe. Lorsque l'on croise un vendeur avec un carton de poppies, on glisse ce que l'on veut dans la petite urne, mais le don suggéré est de 1£ et tous les fonds récoltés vont aux anciens combattants. Ici, le 11 novembre n'est pas férié mais des célébrations similaires à celles qui se déroulent en France ont lieu vers les monuments commémoratifs. À la télévision, les animateurs, présentateurs et même les invités sont obligés de porter le "remembrance poppy". Même sur les trams et certaines rames de métro et d'Overground, des  poppies ont été collés. Maintenant, reste à savoir jusqu'à quand ça va durer. 


Récemment, il y a eu une "tempête" dans le sud du pays. Honnêtement, la tempête en question n'a déraciné qu'un arbre devant chez moi et tordu une grue mais ça a suffit à plonger Londres dans une espèce de chaos post-apocalyptique. Bon d'accord, il y a eu deux morts, je crois, et les vents ont soufflé jusqu'à 160 km/h sur l'île de Wight mais dans l'ensemble rien d'absolument dramatique. Après tout, Londres est la capitale de l'Europe; avec 8 millions d'habitants il est impensable qu'elle puisse s'arrêter de tourner. Eh bien si. Le lundi matin, au lendemain du passage de St Jude (appelé Christian en France, va savoir pourquoi..), quasiment toutes les lignes de métro étaient partiellement ou complètement fermées et un grand nombre de lignes de bus étaient déviées. Avec plus de 4 millions de personne qui prennent le métro chaque jour, je vous laisse imaginer le bordel. 

À peu près à la même période, j'ai commencé à voir des petits feux d'artifice depuis ma fenêtre à la tombée de la nuit (c'est à dire 16h30 depuis le changement d'heure). Je n'ai pas compris pourquoi jusqu'à ce que je me souvienne de Guy Fawkes. Dans mes cours d'histoire britannique de première année, j'avais entendu parler d'un attentat raté contre le roi, où un mec du nom de Guy Fawkes avait tenté de faire sauter le Parlement. Cet événement fut baptisé le Gunpowder Plot et se déroula le 5 novembre 1605. Depuis, en commémoration, le week-end qui précède le 5 novembre et surtout le 5 novembre, des feux d'artifices sont tirés tous les soirs. Certains sont même mis en musique sur les bords de la Tamise, d'autres se déroulent dans des parcs. J'habite au dernier étage de mon immeuble et j'ai une vue panoramique, dirons-nous, sur Camden. J'ai donc eu pendant plusieurs soirs un spectacle magnifique avec des feux d'artifices plus ou moins importants tirés à des distances différentes, de Kentish Town à Chalk Farm en passant par Primrose Hill. 





Et puis tant que j'y suis, quelques photos de Camden, quand il faisait encore beau:


Et Camden by night, depuis mon appart:




Enfin, cette semaine je suis en semi-vacances, c'est à dire que je n'ai pas cours mais que les profs peuvent éventuellement rattraper un cours ou que l'on se retrouve avec la promo pour travailler nos petit symboles d'interprètes et autres traductions sur la cataracte. Toutefois, hier, je n'avais rien de prévu et j'en ai profité pour retourner faire un peu de tourisme. Il pleuvait, il y avait du vent, il faisait froid, enfin bref, pas un temps à mettre une Charlotte dehors, et pourtant. J'ai réfléchi à ce que j'avais envie de voir et qui était faisable dans la journée, sans trop me compliquer la vie. J'ai attendu que l'heure de pointe soit passée et me voilà partie pour Greenwich. Je ne savais pas à quoi m'attendre mais je n'ai pas été déçue. Déjà, rien que le voyage était fantastique. Greenwich est assez loin de chez moi: une quinzaine de kilomètres et bien 45 minutes de métro et de tram. Pour le métro, la Northern Line jusqu'à Bank vers 10h du matin, ça n'a rien d'excitant, les gens sont comme anesthésiés; on va pas se mentir, niveau ambiance on a connu mieux. Mais bon, ça reste le métro, faut pas non plus s'attendre à de la folie. Ensuite, pour la première fois, j'ai pris le DLR (Docklands Light Railway), une sorte de tram tantôt aérien tantôt souterrain: un vrai manège. Le DLR circule dans le Sud-Est de Londres, aux alentours de l'Île aux Chiens (Isle of Dogs), le principal méandre de la Tamise. Pour aller jusqu'à Cutty Sark (l'arrêt le plus proche de Greenwich selon le TFL) j'ai donc dû passer "à travers" Canary Wharf, c'est à dire entre les immenses buildings de HSBC, Barclays et Citi entre autres. Pas à pied, hein, en tram. Et c'est juste magique. J'ai oublié de préciser que le DLR n'a pas de conducteur, tout est automatisé et donc, si on a de la chance, on peut se mettre à la toute première place et avoir ainsi l'impression de "conduire" le DLR. Moi j'étais au deuxième rang mais on va dire que c'est pareil. Arrivée à Greenwich donc, j'ai d'abord fait un tour dans la cour de l'Université de Greenwich et du Conservatoire, et j'ai pu voir Canary Wharf depuis la rive Sud. J'ai vu Cutty Sark aussi, un magnifique navire plus ou moins transformé en musée. Ensuite je suis arrivée au pied d'une colline et j'ai compris que l'Observatoire devait être le grand bâtiment orangé qui était au sommet., et en travaux, malheureusement. Sportive comme je suis, j'ai eu l'impression de faire Koh Lanta mais le jeu en valait la chandelle. Pour pouvoir voir le méridien, marcher dessus, se prendre en photo en train de marcher dessus, etc, il faut payer, mais c'est pas la méthode Charlotte. En revanche, il y a un point de vue avec une table d'orientation totalement gratuit et la vue est à couper le souffle. Même sous la pluie, le vent et le brouillard, j'aurais pu rester des heures à regarder la skyline de Londres, Canary Wharf en face, la City à gauche, l'O2 sur la droite. 


















Sur ce, paix, amour et quadrature du cercle.

In a bit,







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