Peut-être croyais-tu que
j’étais partie me dorer la pilule à Santa Monica avec Allain Turban. Me dis pas
que tu connais pas Allain Turban. Après tout, j’te dirais que ça va rien
changer à ma vie que tu ne connaisses pas Allain Turban mais ça pourrait changer
la tienne d’écouter cet illustre chanteur des eighties (comme ne disent pas les
jeunes) que je soupçonne d’être aujourd’hui vendeur de gaufres ou de vin chaud
sur les marchés de Noël de France et de Navarre. Enfin surtout de Montargis.
Peut-être croyais-tu que je m’en étais allée mener une vie
de bohème avec un accordéon et un singe, parcourant les rues pavées ou longeant
les canaux du vieux Paris, les mains et les joues maculées de suie, portant des
mitaines déchirées mais voilà, on n’est pas dans les Misérables. Et ce serait quand même très très mal me
connaître, et admettons-le, un peu fantaisiste de ta part. Parce que tout le
monde sait que je ne vais pas dans les endroits où il n’y a pas de wifi, et le
XIXème siècle en fait partie.
Peut-être croyais-tu que j’étais partie vivre en banlieue
avec un chat. C’est sûrement la plus saugrenue des suppositions, et pourtant.
Depuis le temps, je me dois quand même de te donner de mes
nouvelles, parce que je sais que ça t’intéresse, alors tiens-toi bien parce que
je vais te résumer plus de 4 mois de ma vie. C’est pas que ça fait des masses à
raconter, mais suffisament pour m’occuper au point que je n’ai pas eu le temps
de faire d’article un peu plus tôt.
Voici donc une liste des
choses que j’ai faites depuis le 25 avril :
Je suis allée voir un match de l’ASM à Twickenham, la
demi-finale de la H-Cup. À ce que j’ai cru comprendre, c’est important mais je
peux pas te dire si c’est important comme Oasis à Knebworth, les Beatles au
Shea Stadium ou C Jerôme au podium de la Montagne. Le mélange d’un peu des
trois je suppose, mais ce qui compte c’est qu’ils ont perdu. Et puis bien comme
il faut en plus.
Je suis allée à Greenwich et j’ai pris un bateau pour
rejoindre Embankment / le London Eye. Et j’ai tellement aimé ça que je l’ai
fait deux fois. Quand j’aime, je compte pas, j’suis une dingue, j’ai pas de
limite, je suis prête à dépenser 7£. J’suis dangereuse, j’t’ai dit.
Canary Wharf |
Canary Wharf |
Greenwich |
Greenwich |
Le Globe, le théâtre de Shakespeare |
On est allées faire du bowling à Westfield Stratford, le
plus grand centre commercial d’Europe, vers le site Olympique. Et j’ai perdu,
mais est-il bien utile de le préciser ?
On a été voir Matilda, pour 5£, eh ouais ma gueule, t’as la
rage, t’as les boules t’as les glandes, je te laisse compléter la fin de ce
célèbre dicton.
J’ai fini mes examens, mais rassure-toi, j’attends encore
les résultats définitifs, prévus 5 mois après la fin desdits examens.
Je suis allée à Weymouth avec Jordan et Noémie, et on avait
un hôtel en face de la mer, mais du genre, tu traverses la route et tu es sur
la plage. Ma chambre avait vue sur la mer et celle de Jordan et Noémie, sur le
mur. C’est presque pareil.
Je suis allée au Diner de Jamie Oliver sur Shaftesbury
Avenue et je pense que je serai prête à vendre au moins une côte pour une autre
part de tarte au citron meringuée. Mais je ne vois pas pourquoi je ferais ça
alors que je peux payer avec des pièces et des billets. Ça, c’est comme manger
par terre. Si j’ai le choix, je préfère encore manger sur une table, même si le
sol est très propre. Après, libre à chacun de vivre ses coutumes comme il
l’entend, hein, je suis pas là pour juger. Sinon, de façon générale, j’ai bien
mangé. Morceaux choisis :
Lord Moon of the Mall |
Le Wall of Fame de Five Guys |
Brownie @ Jamie's Italian |
Jamie Oliver's Diner |
Brunch indien @ Dishoom |
Dishoom |
Tapas @ Pix Pintxos |
La Tasca |
Honest Camden |
Ben's Canteen |
Je suis allée voir Gad Elmaleh dans un tout petit théâtre de
Soho. Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas pu prendre de photos. On l’a
attendu à la fin et tout, mais que nenni. Ah ! Les artistes !
Je suis allée voir l’arrêt de bus en Lego à côté de mon
travail et c’était marrant.
J’ai eu le meilleur anniversaire de la terre. On est allées
au zoo, et j’ai même pu caresser Ricky le pingouin. Et j’ai eu un gâteau que
même que c’était une Charlotte et, aussi et surtout, j’ai eu un ballon. J’ai
toujours dit qu’on jugeait de la réussite d’un anniversaire à la présence (ou
l’absence) de ballon, alors selon ce critère déterminant, mon anniversaire était fantastique.
Agathe est venue me voir, et
on a fait plein de trucs et elle m’avait manqué et elle m’a offert la plus
belle guitare du monde et on est allées voir Let it Be, parce que Hey Jude, tu
vois ? Regarde, on est allées à l’anniversaire de Magnum. Alors là que tu
vois les photos, c’est évident que c’est la glace mais imagine que t’as pas la
photo, il y en a quand même de fortes chances pour que tu penses à Magnum – la
moustache, les chemises Hawaïennes et tout ça. Ou pas. Ou peut-être que tu
connais pas la série Magnum, mais ça, ton inculture, encore une fois, c’est pas
mon problème. Ça me désole, mais c’est pas mon problème.
Ah! Et puis je
suis enfin allée à Hampstead Heath et Highgate Cemetery, parce que je prévois
de me reconvertir en seigneur des ténèbres d'ici pas longtemps.
Bon sinon, faut bien que je te parle de Camden et que je te
fasse mon bilan des 1 an.
On dit souvent qu’on ne se rend compte à quel point on tient
à quelque chose que lorsque l’on perd la chose en question. Eh bien voilà,
c’est un peu ça pour moi sauf que la différence, c’est je savais à quel point
je tenais à Camden. À ses métalleux lubriques et bien imbibés dès que sonnent
19h, au Hobgoblin ou Devonshire Arms, appelle ça comme tu veux. À ses vendeurs
de souvenirs, à l’odeur de friture du Poppy’s dès 9h du matin, au vendeur de
t-shirts qui met de la musique des années 60 à fond à l’angle de Camden High
Street et Jamestown Road, au barjot, ses costards à rayures verticales et son
chapeau à plumes qui vend des fringues vintage aux Stables et encore tant de
visages qui m’ont été familiers pendant un an. Je pourrais marcher les yeux
fermés le long de cette rue et te citer chaque magasin le long de chaque
trottoir.
J’ai aimé Camden comme on aime quelqu’un. Et je continuerai
de l’aimer, ses pigeons obèses et dégueulasses qui zonent sur les grilles du
Sainsbury’s, ses camés, l’entrée pas si secrète de l’Electric Ballroom sur
Kentish Town Road, la vue du World’s End en sortant de la station de métro,
l’Overground qui passe toutes les 10 minutes en direction de Kentish Town West
ou Caledonian Road, les contrefaçons du Camden Lock Village, l’écluse de
Dingwalls… Camden, je connais chaque centimètre de tes trottoirs couverts de
chewing-gums et de dessins à la craie, on en est à ce niveau-là d’intimité toi
et moi. Alors, crois-moi, c’est loin d’être fini.
It wasn’t over, it still isn’t
over (big up à Ryan Gosling).
Dans Secret Story, ils répètent souvent que
« l’aventure » est un concentré de vie, que tout passe plus vite que
dans la réalité et que l’intensité des sentiments est décuplée. Eh bien
moque-toi de moi, mais c’est ce que j’ai ressenti cette année. J’ai vécu
tellement plus de choses en un an ici que tout le reste de ma vie ailleurs.
Je suis devenue une personne différente. Pas forcément
meilleure ou moins bien, juste différente. Et j’angoisse d’ailleurs de revoir
les personnes que j’ai laissées derrière moi il y a plus d’un an :
serai-je toujours la même personne à leurs yeux ? M’apprécieront-elles
toujours ? Ne seront-elles pas déstabilisées par ce changement ?
Après tout, à quoi bon se poser ces questions, tu me diras.
On m’aime pour ce que je suis ou on ne m’aime pas. Eh bien non, moi je veux
qu’on m’aime, qu’on m’aime pour la personne que j’essaye de devenir, que je
façonne pas à pas. Mais d’ailleurs, est-ce qu’on se réveille un matin en se
disant qu’on est quelqu’un ? Et mieux, qu’on est la personne qu’on
voulait, qu’on veut être ? Je ne crois pas que telle chose soit possible.
On change, on se transforme, de façon
infime et plus ou moins consciente mais nous sommes une création, notre propre
création, aussi instable et changeante soit-elle. Et nous sommes tous comme ça.
Alors à quoi bon demander à des personnes qui nous ont connu dans une période,
dans une étape de notre vie, de continuer à nous aimer « pour ce que nous
sommes ». Car nous ne sommes plus, justement, la même personne. Nous
changeons tous et pas en même temps et pas de la même façon. Nous suivons des
chemins différents, acceptons-le. Mais sur chaque chemin que nous choisirons
d’emprunter, nous rencontrerons d’autres personnes qui se trouvent à une
période, un stade de leur vie qui est le même que le nôtre. Et nous parcourrons
alors cette portion de route ensemble, avant de se séparer à nouveau.
Mais pourquoi pleurer dès lors
que l’on sait que l’on foulera tant d’autres routes et de chemins ?
Alors, un an après, puis-je situer ce fameux début dont je
parlais le 16 août 2013 ? Était-ce vraiment le début ? N’était-ce pas
une simple étape sur un chemin que j’avais choisi d’emprunter bien des années
auparavant ? Une chose est sûre, je continue de voir cette infinie
perspective qui se dessine, à chaque fois que je regarde, les yeux embués,
s’envoler les 747 et que je me demande : pourquoi ne suis-je donc pas à
l’intérieur ?
Moi aussi un jour, je serai dans ces 747 qui filent à toute
allure vers des destinations lointaines. Il ne tient qu’a moi d’acheter un
billet… et en attendant, de profiter du paysage sur le chemin.
La playlist London
2013-2014 :
Août
2013 : Layla – Eric Clapton
Septembre
2013 : Big When I was Little
– Eliza Doolittle
Octobre
2013 : Happy – Pharrell Williams
Novembre
2013 : Love Illumination – Franz Ferdinand
Décembre
2013 : Hey Jude – The Beatles
Janvier
2014 : Town Called
Malice – The Jam
Février
2014 : Let’s Spend the
Night Together – The Rolling Stones
Mars
2014 : The
Importance of Being Idle – Oasis
Avril
2014 : Shine a Light
– The Rolling Stones
Mai
2014 : I’m a
believer – The Monkees
Juin
2014 : Let’s Dance – David Bowie
Juillet
2014 : While my
Guitar Gently Weeps – The Beatles
Août
2014 : Don’t Stop – The Rolling Stones
Septembre
2014 : News of the World – The Jam
Sur ce, paix, amour et pantoufles
In a bit,
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